
L’amour à mort (6)
« Le SIDA, c’est pour les gays ou les drogués ! Pas pour les Juliette de seize ans qui ne se droguent pas, qui viennent de découvrir l’amour et qui ont toute la vie devant elles ! » C’est ce qu’a toujours cru Juliette… jusqu’au jour où un médecin lui annonce qu’elle est atteinte du VIH.
La dure réalité la frappe de plein fouet : sa première nuit d’amour, cette nuit qu’elle souhaitait parfaite, s’est transformée en véritable cauchemar. Et ses rêves d’adolescente ? Ils ne sont plus qu’un lointain souvenir…
Sans parler de la réaction de son entourage ! Comment annoncer à ses parents et ses amis qu’on est condamnée à mourir ?
La rage, la honte, la peur et un profond désir de vengeance envers ce garçon qui devait l’aimer, la protéger, mais qui n’a su que détruire sa vie… Toute une gamme d’émotions avec lesquelles Juliette doit désormais composer. Réussira-t-elle à apprendre à vivre avec cette bête qui hante dorénavant chaque cellule de son corps ?
Juliette vivait comme tous les autres jeunes de son âge : dans l’insouciance et habitée d’un puissant sentiment d’invulnérabilité. Et pourtant… le sida est venu briser son armure. L’adolescente livre ici un témoignage fidèle à son image : sincère, qui respire la joie de vivre et le refus de baisser les bras.
Hanane (client confirmé) –
Très bon livre très triste pour la fille.
Réjean Roy (client confirmé) –
Depuis l’apparition de la peste rose en 1985, on a longtemps cru que le sida était réservé uniquement aux gais, aux drogués, aux prostitués et aux hémophiles. D’ailleurs, des centaines de livres ont été écrits sur le sujet depuis le début de la pandémie dont l’excellent ouvrage « Politics, People and the Aids Epidemic… and the band played on » de Randy Shilts. En tant qu’auteur, j’ai moi-même abordé le sujet à deux reprises, soit dans Périr par le sexe et dans J’ai connu la mort…
Or, dans L’amour à mort, on retrouve la jolie et tendre Juliette âgée de seize ans seulement. Elle n’est ni droguée, ni prostituée, ni gaie. En fait, ce n’est qu’une jeune adolescente qui vient de découvrir l’amour pour la première fois de toute sa vie, de sa trop jeune vie. Comme trop d’enfants de son âge, elle n’a pas su dire non aux ardeurs de Pascal qui désire plus que tout baiser sans condom sous prétexte qu’il est en santé.
Alors que Juliette subit une foule de symptômes inexpliqués, c’est alors que les médecins s’affairent à lui faire passer une batterie de tests. Lorsque son médecin lui annonce finalement qu’elle est atteinte du VIH, la dure réalité la frappe de plein fouet. Elle réalise alors que sa première vraie nuit d’amour vient de lui coûter sa santé et que ses rêves d’adolescente viennent de disparaître à jamais.
À ce niveau, je désire mentionner que l’auteure a fait un travail de documentation et de vulgarisation remarquable au niveau de la description de la maladie, de ses symptômes, de ses effets à long terme et des traitements disponibles. Je réalise qu’il n’est pas facile de rendre un sujet aussi aride accessible à tout le monde.
Malheureusement, le VIH ne se limite pas aux maux physiques. Il affecte encore plus durement la santé psychologique du patient. Comment annoncer à ses parents et à ses amis qu’on est condamnée à mort? Comment demeurer saine d’esprit alors que le petit virus coriace la ronge de l’intérieur? Comment demeurer forte face à la maladie alors que les regards assassins des autres sont remplis de peur, d’incompréhension, de rejet et de mépris?
Une foule de sentiments envahissent inexorablement la pauvre Juliette, dont la rage, la honte, la peur et un profond désir de vengeance envers ce garçon qui a détruit sa vie. Réussira-t-elle à se réconcilier avec cette bête qui la gruge de l’intérieur? Saura-t-elle conserver toutes ses forces pour lutter efficacement contre le VIH? C’est à voir!
Un seul élément m’a troublé. J’aurais souhaité que l’auteure s’attarde davantage aux visites chez le médecin. L’attente interminable dans les couloirs de la mort n’est pas chose banale et aurait mérité d’être approfondie afin de bien mettre en relief l’état psychologique chancelant de Juliette.
Bref, ce livre est criant de vérités et d’informations sur le sida. Espérons qu’il saura faire réaliser aux jeunes que le sida se moque complètement de leur insouciance et de leur puissant sentiment d’invulnérabilité. Le sida frappe quand il veut, peu importe le sexe, l’ethnie, l’orientation sexuelle ou l’âge. La meilleure protection contre ce fléau des temps modernes, c’est l’information. Je souhaite ardemment que ce livre qui respire la joie de vivre saura réveiller les consciences et informer les jeunes aux dangers réels des maladies transmissibles sexuellement. Un livre à découvrir, assurément!
L’amour à mort de Corinne De Vailly, Éditions de Mortagne, 2011, 240 pages
Par : Réjean Roy, le 2 juillet 2015
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